//

L'art du Paléolithique supérieur

  • Le Paléolithique s’étend des débuts des hominidés jusqu’à 8 300 ans avant notre ère.

  • L’art paléolithique couvre une durée de plus de 25 000 ans, entre – 35 000 et – 9 000.

  • Page réalisée à partir de l'ouvrage L'Odyssée des premiers hommes en Europe - Emmanuel Anati - Fayard - 2007


 

page précédente

L’art du paléolithique est un art tribal


L’art pariétal se retrouve dans trois catégories de sites

  1. Dans les grottes obscures.

  2. Dans les abris sous roche.

  3. Sur les parois rocheuses à l’air libre.


On distingue deux écoles  

  1. L’iconographie bidimensionnelle : elle concerne l’art rupestre, les objets d’art et le mobilier. L’épicentre est dans le sud-ouest de la France. Les représentations sont essentiellement zoomorphes.
  2. L’iconographie tridimensionnelle : elle concerne surtout les objets, les statuettes. L’épicentre se situe au centre de l’Europe. Les représentations sont essentiellement anthropomorphes ou anthropozoomorphes.

Grammaire et syntaxe de l’art  

L’art paléolithique européen suit un certain nombre de règles qu’on retrouve sur d’autres continents.

L’art visuel est partout composé de graphèmes figuratifs et non figuratifs.

On reconnaît trois types de graphèmes :

  1. Les pictogrammes.
  2. Les idéogrammes.
  3. Les psychogrammes.

  1. Les pictogrammes : ce sont des représentations dont les formes sont identifiables et qui regroupent cinq catégories principales :
  1. Les anthropomorphes : représentations humaines.
  2. Les zoomorphes : représentations animales.
  3. Les anthropozoomorphes : représentations mêlant une partie humaine et une partie animale.
  4. Les structures : représentations  tectiformes et cabaniformes ou à caractère topographique. Ces représentations sont rares.
  5. Les outils et les objets: javelots, dards, boomerangs, masses, outils semblables à des haches.
  1. Les idéogrammes : ce sont une trentaine de signes, répétitifs, dont beaucoup ont une diffusion mondiale. Les idéogrammes sont associés aux pictogrammes, ce sont des signes conventionnels qui expriment des idées, des actions, des souhaits et qui forment des raisonnements logiques avec les pictogrammes. Les formes les plus communes sont : le point, la série de points, la ligne, le disque avec un point central, la ligne et le point, le signe en V, le signe en T, le signe en S, le carré, le rectangle, le dard, la branche, le bâtonnet, le croix, l’étoile, le serpentiforme, le zigzag, le signe phallique,  le signe vulvaire, le signe à lèvres, les cinq doigts d’une main et la grille.

    On distingue trois types d’idéogrammes :

    1. Les anatomiques : signes phalliques, vulves, mains.
    2. Les conceptuels : croix, disques serpentiformes.
    3. Les numériques : groupes de points et de lignes.

     

  2. Les psychogrammes : ils ajoutent un élément à caractère émotif à la composition. Ce sont des expressions de sentiments, des violentes décharges d’énergie, des désirs, des sensations. Les psychogrammes sont presque toujours uniques. Ils agissent dans un terrain plus abstrait encore que les idéogrammes. Ils sont la partie réactive de notre subconscient.  


 Les trois types de graphèmes constituent la grammaire de l’art et leur association forme la structure syntaxique du langage visuel. Ce sont des sources d’informations sur les capacités intellectuelles et culturelles de l’homme préhistorique.

Il y a trois catégories de syntaxe associative : l’association, la séquence et la scène.

Tout l’art paléolithique est un art des peuples chasseurs archaïques, qu’on retrouve sur tous les continents et qui prend appui sur trois facteurs fondamentaux : le sexe, la nourriture et le territoire.

Le concept de dualisme domine dans l’art pariétal selon lequel l’harmonie ou la dysharmonie, sont l’effet de deux éléments variables qui s’associent ou se dissocient, s’unissent ou se désunissent: le jour et la nuit, le mâle et la femelle, la vie et la mort, le monde animal et le monde humain, le monde terrestre et le monde souterrain.

Dans ses débuts, l’art paléolithique avait beaucoup de points communs sur différents continents ; au fur et à mesure, cet art a donné des caractéristiques régionales, variables selon les continents.

Les images représentées dans l’art paléolithique forment un langage visuel. Les intentions de ces artistes étaient précises : mémoriser ou transmettre des messages par un code d’associations logiques de graphèmes. Ce sont des lieux où les hommes cherchent des communications avec d’autres hommes.

Cet art reflète les croyances, les traditions, les mythes et des événements qui ont marqué une époque et qui ont marqué aussi les origines de notre manière de penser et d’être.

L’homo sapiens exprime depuis plus de 50 000 ans des processus de logique conceptuelle.

Lire une représentation  
Grotte de Lascaux - Photographie x

Description et interprétation : cheval peint avec ligne de contour noire et peinture jaune ocre sur le fond. Le pictogramme (cheval) est accompagné d'idéogrammes (en "arbre" de couleur jaune et de "lèvres" de couleur noire). Au dessus du pictogramme, il y a un psychogramme de couleur rouge-brun, formé d'un rectangle et de quatre signes verticaux orientés vers le cavalier. 

Illustration page 82 in L'Odyssée des premiers hommes en Europe - Emmanuel Anati - Fayard - 2007

Lexique

Anatomique : qui représente le corps ou une partie du corps.
Anthropomorphe : de forme humaine.
Anthropozoomorphe : de forme humaine et animale.
Bidimensionnel : en deux dimensions : une peinture, une gravure.
Cabaniforme : qui a la forme d’une cabane.
Conceptuel : imaginer et produire du sens.
Dualisme : deux éléments.
Epicentre : l’endroit où a commencé un phénomène.
Figuratif : qui représente une réalité reconnaissable.
Graphème : la plus petite unité distinctive et significative de l’écriture. Chaque lettre de l’alphabet est un graphème
Iconographie : ensemble des illustrations, des représentations.
Idéogrammes : signes répétitifs et synthétiques. Leur répétition et les associations entre eux semblent souvent indiquer la présence de concepts induits et conventionnels.
Induit : Lire un idéogramme permet de comprendre sa signification même si on ne l’a jamais vu.
Non figuratif : qui ne représente pas un réalité reconnaissable.
Numérique : qui est en relation avec les nombres.
Pariétal : l’art qui est sur les parois rocheuses.
Phallique : qui a la forme d’un phallus, d’un sexe masculin
Pictogrammes : figures dans lesquelles une forme semble identifiable à une « chose » réelle ou imaginaire (animal, humain, objet).

Psychogramme : signe souvent unique exprimant une émotion, un sentiment.

Signe : tracé sur un support ayant une signification.
Subconscient : Ce qui est dans le cerveau sans que ce soit réfléchi.
Syntaxique : La syntaxe est ce qui permet de comprendre le sens d’une phrase. Les trois éléments (pictogramme, idéogramme et psychogramme) de l’art du Paléolithique lorsqu’ils sont pris ensembles permettent de trouver un sens à la représentation.
Tridimensionnel : en trois dimensions : un objet.
Vulve : zone située dans le bas du ventre d’une femme. 
Zoomorphe : de forme animale.