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Romain Bijeard |
Le néolithique, ou age nouveau de la pierre polie, prend essor il y a environ 8000 ans. Pour passer à un nouvel age vers 2800 avant JC. Un consensus scientifique, attribue l’apparition du néolithique, au début de l’agriculture au proche orient (Mésopotamie), vers les 8000 ans avant J-C. Avant cette domestication végétale, et animale, l’Homme vivait d’un mode de subsistance (chasse, pêche, cueillette).La diffusion de l’agriculture nous pose plusieurs problèmes : comment celle-ci s’est opérer ? Soit par expansion démographique, forçant les peuples de chasseurs-cueilleurs à changer leur économie par la force, soit en les exterminant, ou soit, tout simplement, les peuples de chasseurs-cueilleurs ont changé leur économie pour plus de confort. Cette diffusion dans le cadre européen, s’est effectuée par deux mouvements. Les recherches archéologiques nous ont fait remarquer ces deux mouvements de néolithisation européenne :
Schéma 1 : Les mouvements européens de la néolithisation
Le mouvement cardial : Partant
de la Mésopotamie et passant pas le bassin méditerranéen (Grèce, sud de la
France) pour se terminer en Espagne.
Le
mouvement linéaire ou rubané : Partant de la Mésopotamie, pour arriver dans
les Carpates, et remontant ensuite vers la vallée du Rhin. Le nom de ce
mouvement en référence, aux céramiques trouvées dans les sites archéologiques.
(Décoration en forme de ruban)
Ces
deux mouvements on atteint la France vers
5800 ans avant J-C. Le Néolithique se termine avec la généralisation de
l’outillage en bronze et un changement d’organisation socio-économique vers
-2000 pour l’Occident. Ces deux vagues, ont des distinctions socio-économiques
très claires, mais des échanges ont eu lieu, permettant des spécificités
régionales et une dynamique des idées. Notre sujet est le néolithique en France,
mais les données à l’heure actuelle sur le néolithique français, dépassent les
frontières actuelles de la France, donc nous allons utiliser des sites
archéologiques des pays frontaliers pour expliquer le néolithique en France.
Un des
premiers problèmes rencontré est celui de la datation. Celle au carbone 14 pose
problème car la courbe isotopique, se trouve dans un creux à cette période ci,
et cela entraîne, des erreurs de calibration des dates. Mais d’autres techniques
sont présentes pour nous aider à calibrer ces dates, comme la dendrochronologie,
la stratigraphie… Le deuxième problème avec les dates c’est leurs variations
suivant les régions, et donc il ne peut pas y avoir une calibration identique
sur un vaste territoire.
L’autre
problème de taille est le manque de données archéologiques. Ce manque entraîne
un flou culturel dans certaines régions d’où une méconnaissance du néolithique
de celles-ci. L’absence de données pertinentes occasionnera des paragraphes
courts ou même inexistants.
Nous
allons voir le néolithique par période, c'est-à-dire Ancien, Moyen puis Récent.
Pour des raisons pratiques le néolithique final sera incorporé dans le Récent et
le découpage de chacune de ces périodes sera le même : les grandes
caractéristiques culturelles au sein des différentes régions.
Le néolithique ancien en France, s’étant en moyenne de 5800 à 4000 avant J-C. Pour simplifier, nous allons limiter la séparation régionale de manière caricaturale : le nord et le sud la France, puis énumérer les caractéristiques générales des mouvements rubané et cardial. Pour ce dernier, nous n’avons pas pu regrouper suffisamment de données et ce à cause des recherches infructueuses.
Nous allons voir l’habitat sous deux angles : la fonction de l’habitat et de l’architecture, l’organisation sociale et économique.
Une caractéristique du mouvement rubané est la structure sociale en générale et particulièrement celle de l’habitat qui varie assez peu entre l’Europe de l’est et l’Europe de l’ouest (il y a très peu de différences régionales).
Schéma 2 : Style de l’habitation du mouvement rubané
Aspects extérieurs : Les habitations sont de taille variable pour les plus
petites elle font 8 mètres de long et 5 mètres de large, tandis que les plus
grandes font 45 mètres de long. L’Habitation est soutenue par de grosses
poutres de bois, qui forment généralement trois rangés. Les plus grosses sont au
milieu et les murs sont en torchis tout le long. La charpente est soutenue par
les poutres de bois. Le toit est fait de paille et a une inclinaison de 45
degrés, pour que la pluie ruisselle, mais plus particulièrement pour la toiture
ne s’affaisse pas en cas d’importantes tombées de neige. Sur ces cotés, on
retrouve des fosses latérales, contenant des restes de squelettes animaux. Cela
pourrait servir de vidoirs.
Aspects intérieurs : L’habitation est divisée
généralement en trois parties : la première est la partie où il y a un
doublement de poteaux pour mettre un grenier, et un endroit public qui permet de
recevoir les individus. La deuxième partie, est un lieu d’activité, et un lieu
de réception, disons un lieu semi-public. La troisième partie, quant à elle, est
strictement privée. Une pièce où les habitants dorment, se reposent.
Organisation autour de l’habitation : Les maisons devaient accueillir l’ensemble
de la famille, le modèle théorique est d’environ : 10 personnes pour les petites
et 100 pour les grandes. Cependant une question se pose : la taille des maisons
repose-t-elle sur la taille de la famille, ou sur une spécificité social
(domination, prestige) ?
La taille
des maisons joue sur l’économie nutritionnelle des habitants. Une
différenciation alimentaire est effectuée suivant la taille de l’habitat. Les
maisons inférieures à 20 mètres se nourrissaient d’environ 20% de chasse,
surtout celle du sanglier, et pour le reste mangeaient du boeuf domestique. Les
habitants qui vivaient dans une maison supérieure à 20 mètres de long, se
nourrissaient de très peu de bœuf domestique, et avaient une plus grande
activité de chasse, surtout celle du cerf. Le roc était partagé entre les
habitations du village. Une question subsiste : ce partage alimentaire était-il
fait pour des raisons d’équilibre naturel, ou pour une différenciation sociale
quelconque ?
Chaque
année environ, ils assainissaient, par haute température (feu), ce qui nettoie
l’endroit où l’on stocke les grains et permet d’éviter une prolifération des
bactéries.
Les
vidoirs, qui entourent l’habitation, avaient des fonctions bien précises. Ils
réglaient les déchets des activités. On retrouve plus particulièrement des silex
dans les fosses arrière par exemple. Dans les fosses latérales on retrouve des
squelettes d’animaux. Une évolution chronologique montre que la fosse arrière
disparaît.
Schéma 3 : Rotation des villages
Organisation villageoise : Les
villages, ne sont pas fixes à cette époque, ils connaissent des rotations au
sein de la même région. La société s’installe tous les 15-20 ans (en moyenne)
dans un lieu. Prenons exemple sur le schéma des rotations (schéma 3) : Quand le
1er village est quitté, il se dirige vers le deuxième village. Sur ce
deuxième lieu, ils reconstruisent les habitations à l’endroit de l’ancienne
parcelle historique. Ainsi nous avons sur les sites de fouilles un empilement
d’habitations. L’agriculture suivait l’occupation cyclique des lieux.
L’orientation des maisons restait rigoureusement la même : l’arrière de la
maison se trouve toujours vers le nord-ouest.
D’après les modèles ethnologiques existant, la
structure sociale de ces types de société serait clanique. Il semblerait que
cela repose sur la différenciation alimentaire entre les maisons et il y a une
logique historique dans le parcellement social du village. Une constatation me
semble importante à faire : dans cette région, les déplacements des groupes
persistent. Le mode sédentaire n’est réellement mis en place, donc il reste un
substrat culturel chasseurs-cueilleurs.
L’habitat est saisonnier, le plus souvent en grotte. Seulement des campement à l’extérieur ont été découverts : les pierres sont entassées, leur habitat est circulaire, environ 5 mètres de diamètre. D’autres aires circulaires de 1 à 2 mètres pouvaient servir à la cuisson des aliments. Leur économie repose sur la domestication de la chèvre, du mouton et du bœuf. Pourtant la chasse reste toujours très importante. L’utilisation de l‘agriculture est connue également.
Les rites
funéraires, comme enterrer les morts, existent depuis le paléolithique.
Cependant les groupes du nord-est de la France ont acquis le cimetière grâce au
mouvement linéaire : celui-ci a permis un regroupement des morts au même
endroit, certaine sépulture retrouver incorporait un squelette en forme de
foetus. Les néolithiques de cette région connaissent d’autres moyens de pratique
funéraire comme l’incinération. Pour ceux enterrés il n’y a qu’un pourcent des
corps qui se retrouvent dans un cercueil. Est-ce que le lien pourrait être fait
entre les sépultures, et l’organisation villageoise par rapport à la taille des
maisons ou par rapport à l’alimentation ?
Même si au
sein de cette région il y des dissimilitudes interrégionales, une homogénéité
est fortement remarquable. Une grande majorité des tombes est orientée direction
Est-ouest, et son organisation est structurée en noyau (schéma 4 : typographie
d’une sépulture de la région nord est du néolithique ancien).
Une
différenciation du mobilier est effectuée pour les deux sexes. Pour les femmes,
on retrouve une majorité de parures, de céramiques ou moulures ; pour les hommes
ce sont des armes, de l’outillage. Cette différence a du être basée sur
l’activité sociale des sexes. Seul un matériau est unisexe : le spondyle. C’est
un coquillage provenant des mers de l’Est (la mer noire). Le fait de retrouver
ce coquillage en Europe de l’Ouest, où les mers en sont dépourvues, nous montre
un système d’échange longue distance très complexe au néolithique ancien. Le
spondyle étant rare dans les régions nord, cela était un objet de prestige.
Schéma 4 : typographie d’une sépulture de la
région nord est du néolithique ancien
Dans les années 1980-90, des recherches ont trouvé des empilements de corps dans des fosses. Tout les corps étaient décédés suite à de violents coups sur le crâne. Ces décès, datent d’environ 5100 ans avant J-C. Ce conflit pourrait avoir plusieurs explications : des querelles entre groupes, des querelles au sein du groupe, ou la volonté de stopper une augmentation de la démographie…Ces morts violentes ont remis en cause la notion du système égalitaire de cette société, car il n’y avait que très peu de dissemblances au sein d’un même groupe et au sein de ce mouvement.
L’acte d’inhumation est le seul retrouvé à ce jour et il reste très rare. Nous manquons d’informations pour compléter ce type de culture.
La culturelle matérielle prend en compte la fabrication d’objets, l’utilisation de ces objets, et l’échange de ces objets. Ils peuvent être fabriqués en différents matériaux, comme la pierre, la céramique, le bois etc.
Le silex :
Le mouvement rubané s’étend jusqu’à l’Europe de l’Est, région où le silex
manque. Or chaque site fouillé a été en contact avec des silex provenant des
régions Ouest de ce mouvement. Cela insinue, qu’un système d’échange d’objet est
très clarifié, les échanges longue distance peuvent atteindre 500 Kms (Il y
avait peut-être un troc entre le spondyle et le silex). Un site belge, nous a
montré une production de silex à lames qui sont distribués à environ 350 Kms à
la ronde. Les lames provenant de cet endroit ont été reconnues grâce à la teneur
des éléments chimiques les composant, et aussi grâce au débitage grossier des
pièces qui étaient caractéristiques du site belge.
Autres caractéristiques des objets en silex de cette région : les pointes de
flèche asymétrique perçante (schéma 5 : pointes de flèche asymétrique perçante
du rubané) qui sont spécifiques à cette région du Nord de la France dans le
mouvement rubané.
Schéma 5 : pointe de flèche
asymétrique perçante du rubané
La céramique : Comme il a été dit dans l’introduction, la région Nord de la France appartient au mouvement rubané dont le style de céramique bien spécifique (schéma 6 : Céramique rubanée)
Schéma 6 :
Céramique rubanée
La poterie du mouvement cardial, est très simple : toujours avec des hanses et des décorations. Toutes les céramiques ont un fond rond. Chaque coin régional a un style particulier ; du coté italien l’ouverture des vases peut-être en col (mais cela reste rare). Les fonctions sont diverses : alimentation, stockage, cuisson…
Schéma 7 :
Céramique cardiale
Pour la région nord : Ce fut une homogénéité grâce au rubané jusqu’au moment où
des conflit entraînèrent une différentiation culturelle, et une fin au régime
égalitaire (celui-ci reposant sur une « similitude » socio-économique :
habitat, nourriture). La grande caractéristique fut tous les échanges entrepris
au sein du mouvement, mais aussi avec la région Sud, qui entraîna des
divergences culturelles au sein de la région nord. Le mouvement rubané continua
sa route jusqu’aux côtes Atlantique.
Pour la
région sud : Etant très peu connue, celle-ci a du connaître une prospérité
régionale avec quelques échanges et un mode de vie entre subsistance/production
et nomadisme/sédentarité.
Le
néolithique moyen s’étend d’environ -4000 à -2900 ans, dans l’Europe
occidentale. Le mélange grâce aux échanges, entre le Rubané et le Cardial a
permis de d’encrer le mode de vie du néolithique de manière stable.
Nous allons encore utiliser une découpe par caractéristique régionale.
L’habitat, et l’organisation socio-économique, les techniques, la nourriture, ne cessent de se diversifier.
La région nord, dans cette période, connaît une distinction des habitats dans son ensemble. Chaque coin régional s’est créé sa propre identité :
·
Mairy (Ardenne): le style architectural découle du mouvement
linéaire : de grands habitats de longueur environnant les 60 mètres de long et
les 13 mètres de large. La forme est rectangulaire, mais la structure et la
fonction ont changé.
Aspect extérieur : les fondations reposent sur une rangée d’énormes poutres
enfoncées dans le sol. La charpente est tenue grâce aux murs latéraux en glaise.
Des fosses peu profondes aménagées sur les côtés, contiennent des galets.
Aspect intérieur : Elle repose toujours, sur trois parties distinctes, mais les
séparations sont faites en glaise donc une vraie séparation entre chaque pièce.
La taille de l’habitat varie considérablement mais une question persiste : La
taille varie t-elle selon les familles, le rang social, le prestige, ou pour
aucune raison ?
·
Sud du bassin parisien : Les sites retrouvés sont des lieux
d’habitation de taille variable, entourés de palissade allant de 1,5 hectares à
10 hectares. Le tour de la palissade en bois est jonché de fosses contenants des
restes de nourriture et d’os. Cela servait de poubelle.
D’autres structures comme celle-ci sont constituées d’un rempart, le reste de la
fortification est un bras de la seine. La première palissade a été réaménagée
plusieurs fois (Nogent sur seine). Ces lieux à palissades sont-ils un lieu fixe
d’habitation ou un endroit périodique, utilisé pour se protéger lors
d’attaques ?
Au Danemark, un système d’habitat à enceintes a été retrouvé. Cela pourrait être un début de réponse pour les sites français. Ce site en question est intéressant car une enceinte était construite et des détritus se trouvaient dans les fosses à côté du rempart. A l’heure actuelle l’intérieur de l’enceinte est considéré comme un lieu symbolique car des lieux funestes ont été retrouvés. Autour de cette enceinte, divers villages ont été retrouvés. Le système que les néolithiques utilisaient, est le même que le notre avec l’antarctique : une répartition des tâches ou de l’aménagement de l’enceinte entre les villages. 200 ans après tous les villages se sont retrouvés dans l’enceinte.
L’humidité importante des milieux lacustres a permis un recueil très important d’objets lithiques, donc de la structure de l’habitat. Les habitats en milieu lacustre se trouvent plus particulièrement dans le Nord-ouest des Alpes, et dans le Jura.
Schéma 8 : reconstitution de l’habitat sur pilotis à Chalain (Jura).
On a remarqué, que l’habitation dans ces milieux, était en relation avec la variation du niveau des eaux du lac. Ainsi le village était abandonné, et quelques générations plus tard, ils revenaient et le construisaient. Les maisons étaient sur pilotis, pour éviter l’humidité du sol, et pour les protéger de la montée des eaux. Il en était de même pour les chemins en bois qui liaient la terre ferme aux maisons. Le village était protégé par des palissades. L’organisation socio-économique au niveau du l’approvisionnement en bois était très respectueux de la nature : ils utilisaient le bois de manière réglementée entre les jeunes forêts à proximité du lac et les anciennes forêts un peu plus loin.
Continuité du néolithique ancien, mais très peu de données archéologiques dans cette région.
Dans le Cerny, l’évolution
se fera de sépultures entièrement scellées (sans réouverture), à la sépulture où
la réouverture est effectuée pour disposer de nouveaux corps.La structure de la
sépulture est en schiste. Des fois on peut retrouver des cercueils en bois,
chose rare, et l’explication la plus valable sera d’origine sociale. La forme des
sépultures est en poire (schéma 9 : Sépulture en poire.)
Les corps y sont déposés dans l’ordre d’arrivé : le premier corps est disposé au
fond de la sépulture. Du mobilier est retrouvé avec le squelette, surtout des
flèches et de la céramique.
Schéma 9 : Sépulture en poire.
Comme dans
le nord de la France, les sépultures passent de l’individuel au multiple.
La structure de la tombe change, et peut être que le rite de procession aussi.
La structure n’est pas en forme de poire, mais arrondie, où le corps est disposé
dans un cercueil en pierre, et le tout est recouvert par un talus de pierre.
Cette région comprend les sépultures néolithiques les plus connues dans la population actuelle: les dolmens. On a longtemps pensé que les dolmens étaient de grandes structures en pierre à nu, mais les néolithiques les couvraient de terre. En réalité les corps étaient disposés dans une chambre mortuaire, qui avait comme structure les dolmens telle qu’on les connaît, et le tout était recouvert d’un talus de terre.
Le
changement qui a été opéré entre le néolithique ancien et le néolithique moyen
est le type de débitage : nous sommes passés d’un débitage à lames à celui
d’éclats. Encore dans des coins régionaux le débitage à lame prédomine, comme
dans le Cerny. Quand le chasséen méridional arrive dans la région nord, le
débitage à lame est oublié.
Les outils
utilisés sont : les grattoirs, les hachettes, et pour la chasse ce sont les
flèches. Les objets sont issus du silex de la région.
Les mines de silex commencent à apparaître. La première étape est de faire un
puit de dix mètres de profondeur, environ, pour atteindre le filon de silex le
plus enfoncé. Ensuite les néolithiques creusent et exploitent ce filon de silex,
et ressortent les détritus à l’extérieur de la mine. La troisième étape est de
reboucher le filon le plus profond ainsi épuisé. Puis ils s’attaquent à celui
placé au dessus en mettant les débris dans celui du dessous. Le tout est
effectué avec des outils en pierre. (Schéma 10 : Les mines). La céramique
chasséenne est de bonne qualité. Les fonds sont ronds. Les pieds sont souvent
décorés de motifs géométriques.
Schéma 10 : Les
mines
Dans le Jura, l’extraction de silex s’effectue de manière frontale dans des
carrières.
Dans ces carrières, juste un débitage à éclats grossier est effectué, pour
faciliter le transport d’un réseau d’échange purement régional. Le polissage des
éclats se fait dans le village même. La céramique est de grande qualité, une
grande batterie d’objet est connue allant des assiettes, aux pots de toutes
tailles dont le col est évasé. Les décorations sont quasi inexistantes.
La culture
chasséenne méridionale utilise des matériaux ne provenant pas de la région,
comme l’oxydiene qui provient des îles méditerranéennes ainsi que le silex blond
du Vaucluse. Leur industrie est basée sur le débitage à lames et éclats.
Le Mont
Viseau, dans les alpes, a connu une extraction périodique saisonnière, et une
production de haches polies sur les lieux. Ce qui est étonnant, c’est que les
échanges longue distance sont remarquablement mis en place pour cette hache de
couleur verte, non à usage domestique, mais funéraire, car on en retrouve
jusqu’en Ecosse ou au Danemark. Mais le plus étonnant c’est pendant la période -
4200 à 3500 ans, la mine a été un lieu de production unique, et donc une
nouvelle classe social a du apparaître : celle de minier et du tailleur. Or
cette activité ne devait être que saisonnière, ils devaient revenir dans leur
village soit pour des raison de survie, soit pour avoir rempli des quotas de
production.
Il y a eu une
effervescence des spécificités régionales, grâce à la mise en place de réseaux
d’échange au néolithique ancien. Ces derniers se sont renforcés pendant cette
période, où la production est devenue quasi-nécessaire. Une évolution des
techniques a permis la fabrication de meilleures céramiques et outils.
L’habitat se
tourne vers les palissades ou vers des coins peut faciles d’accès (les lacs).
Cela est peut-être du à des conflits de plus en plus présents entre les groupes.
Ces enceintes se développent de plus en plus au néolithique récent.
La religion
laisse apparaître dans certaine région de France le culte de la déesse mère.
Le
néolithique récent prend place vers -2900, cette période voit naître de nouveaux
outils, qui feront évoluer le néolithique, vers l’age de bronze mais pour cela
il faudra attendre les 2000 ans avant J-C.
Nous allons encore utiliser une découpe par caractéristique régionale.
Sur la côte atlantique, les bâtiments sont nommés : « ferme étable » (Schéma 11 : « ferme étable » (A Douchapt en Dordogne)). L’aspect des « fermes étable » s’étend entre le nord et le sud de la côte Atlantique. Au nord les bâtiments sont rectangulaires tandis qu’au sud les angles sont arrondis. Sinon les caractéristiques restent les mêmes. La longueur du bâtiment du site de la Plichotel (35) est de 100 mètres, la largeur est de 11 mètres. Les cotés sont faits de pilier et les murs seraient en torchis et en bois. Les poteaux au centre font 80 cm de diamètre, généralement les maisons sont côte à côte, de la plus grande à la plus petite. Le terrain autour de la maison est fermé par une palissade, endroit où l’on élève les animaux domestiques. L’habitat étant de très grande taille, il était collectif.
Schéma 11 : Une «
ferme-étable » (A Douchapt en Dordogne)
Dans la région Centre Ouest, on retrouve des lieux entourés de très grandes fortifications, généralement un alignement de deux voire trois remparts espacés de cinq mètres. Les entrées des enceintes sont en pattes de crabes. Les remparts sont séparés de fossés de deux mètres de profondeur contenant des restes de squelette humain et animal et de la céramique cassée. Ce lieu ne contient aucune trace d’habitat. Mais il y aurait une pluralité fonctionnelle, ou une évolution chronologique. Cela pourrait être un lieu de rencontre et d’échange (marché) ou un lieu de repli en cas de conflit.
Schéma 12 : Les enceintes du centre
ouest
Dans l’Hérault, le site de Boussagne comprend une petite maison incorporée dans un rempart assez haut en pierre sèche. Le rempart comprend de petites tours toujours de pierres sèches. Le tout est de fonction domestique, cela a été prouvé par un site voisin qui a été fuit par les néolithiques à cause d’un incendie. De ce fait des objets ont été retrouvés (de la céramique) ainsi que les foyers pour chauffer l’habitat. Un parallélisme peut-être fait avec les sites fortifiés Ibériques. Ces espaces fortifiés sont impressionnants, des remparts en pierre sèche de haute dimension, qui sont séparés de 3 mètres. La fonction de ces fortifications n’est pas domestique, mais servait à réunir la communauté en cas de conflit ou de cérémonie.
Les milieux lacustres n’ont pas réellement changé entre le néolithique moyen et le récent (cf. : page 13). Seul l’organisation des maisons s’est transformée. L’habitat se trouve face à face, et non côte à côte.
Les
sépultures sont creusées dans une pente. Elles étaient constituées de deux
parties : la première le vestibule et ensuite la chambre funéraire. Cette
structure était faite de pierre sèche ou de bois. La chambre pouvait contenir
plusieurs corps. La sépulture était entièrement camouflée dans la végétation
environnante (Schéma 13 : Chambre mortuaire du S.O.M.)
On pense que les enfants jouaient le rôle de fossoyeur, car l’entrée dans la
chambre mortuaire était peu large, 50cm de diamètre, et cette dernière était
bouchée par un bouchon.
Schéma 13 : Chambre mortuaire du S.O.M.
Contrairement à la région Nord, la façade Atlantique, exhibe les monuments des morts. Premièrement pour signaler un monument, on érige de grands menhirs. L’entrée se trouve sous un tumulus de terre ou de pierre. La charpente est faite de très larges pierres, et le plafond est retenu par de très larges murs en pierre également. Sur le sol on dépose les corps, à l’abri sous cette charpente.
Au début
du néolithique récent, la structure des bâtiments a varié. D’abord nous avons
les tombes collectives, qui peuvent contenir jusqu’à 100 individus. Ensuite il y
avait des tombes de deux à trois personnes, que nous pouvons retrouver des
Pyrénées méditerranéennes à la Suisse. Après, comme nous l’avons vu dans la
région Nord, nous avons des sépultures en forme de poire contenant jusqu'à 10
personnes en moyenne. Ces dernières vont changer de forme pour aller vers une
sépulture carrée. Cette évolution nous emmènera vers les sépultures vues plus
haut.
Une autre dynamique se distingue,
celle de l’évolution du nombre de morts dans les sépultures. Au début vers -3300
à -2800, le mobilier se trouve à l’extérieur de la chambre mortuaire. Elle est
remplie de plusieurs corps. Enfin, entre -2800 à -2500, le mobilier se trouve à
côté des corps, et la chambre mortuaire ne compte plus que deux / trois corps. A
partir de -2500, le mobilier se trouve toujours à côté des corps, mais le mort
se retrouve seul.
En dernier, le mouvement campaniforme
a du entraîner l’individualité des chambres mortuaires : une différentiation
dans les sexes. Dans la tombe des hommes ont la tête vers le nord, et le
mobilier à gauche. Chez les femmes, la tête est vers le sud et le mobilier à
droite.
La culture
du groupe Seine Oise Marne (S.O.M) à défaut d’avoir une céramique développée
(schéma 14 : céramique de la S.O.M), a créé des objets, en bois et en écorce,
très impressionnants. Ces objets sont remarquablement bien sculptés et peints.
On a retrouvé toute une batterie d’ustensiles, tasses, assiettes…
La céramique, elle, est pauvre,
simple, sans ornement. On ne retrouve que des gobelets de même forme mais de
taille différente. Juste une petite encoche est notée sur le haut des gobelets.
Leur utilisation est de cuire.
Schéma 14 :
céramique de
Vers la fin du 3éme millénaire, leur intérêt pour l’argile grandit et des gobelets très décorés apparaissent, souvent associés au funéraire. Ce changement de style est du a l’arrivée du campaniforme, qui déferle sur l’Europe entière. Ensuite, vers le 4éme millénaire l’Europe voit apparaître des poignards produits localement, mais avec des caractéristiques semblables, entre différents groupes européens.
Au Grand
Pressiny (Indre et Loire), une production de débitage par pression est
effectuée, pour la fabrication de lames. Ce lieu connaît une très bonne qualité
de silex blond. La conception de ses lames, pas très droites, se fait par des
ouvriers spécialisés dont l’apprentissage est très long. Ainsi, le Grand
Pressiny devient un lieu de production à lames, pour la Bretagne, le bassin
parisien, et pour les pays du Nord comme le Pays-Bas.
Les poignards du groupe S.O.M
proviennent de ce site, mais étant beaucoup utilisés, ils sont réaffûtés sur le
lieu de leur utilisation, et les différentes cultures rajoutent leur marque pour
s’approprier l’objet.
Contrairement à l’Ouest, la région Est ne connaît que des lames en silex tertiaire, et des poignards plus grossiers et plus cours. Ceci est du à la moins bonne qualité du silex. La production de ces lames s’effectue par atelier satellite, il y a une distribution des savoir-faire, à l’inverse de l’Ouest où juste un groupe maîtrise la technique.
Dans cette région, l’apparition du cuivre est naissante. Pour le manipuler, il
faut une grande connaissance de la température de cuisson et des éléments
chimiques à mettre pour durcir le cuivre. L’utilisation du cuivre provient
d’Espagne et s’est développé ensuite dans le sud de la France.
Une grande question se pose : est ce que le cuivre provient d’un ou de plusieurs
foyers ?
Le cuivre atteint le nord de la France au 4éme millénaire sous forme de perles
losangiques.
Une
dynamique, connue depuis le néolithique moyen, est celle de la diversité des
groupes culturels. L’habitat a évolué et devient beaucoup plus spécialisé
suivant les régions, le système a grandes enceintes est en pleine floraison,
mais la cause reste encore inconnues.
Les rites funéraires ont aussi
évolué, et une place aux défunts est beaucoup plus importante, comme si le
voyage après la mort nécessitait une sorte d’individualité.
La nouveauté est l’arrivée du cuivre, qui change quelques classes sociales,
professionnelles, mais n’a aucun impact sur l’économie de cet âge.
Briand Jacques, Poterie et civilisation : Le néolithique en France, Tome 1. Edition Errance ; Collection Des Hesperides, Paris 1989.
Childe V.G, L’Europe préhistorique. Edition Payot ; Collection Petite Bibliothèque Payot, Paris 1962.
Louboutin Catherine, Néolithique : Les premiers paysans du monde. Edition Gallimard/Réunion des musées nationaux, Paris 1990.
Mazurié De Keroudin, Genèse et diffusion de l’agriculture en Europe. Edition Errence, Paris 2003.
Coordonné par Nicolas Journet, Aux origines des civilisations. Dossier Science Humaine, numéro 151 (Juillet 2004) ; p17-35.
Entretien avec Pierre Pétrequin, Villages Lacustres : La mémoire préservée du néolithique. Science Humain numéro 31 (Septembre 1993) ; p24-27.
http://www.culture.gouv.fr/picardie/les_services/images/Num02gouvieux1998.pdf
http://www.ulb.ac.be/soco/matsch/musee/expo/2001/prehist.html
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